Jésus a-t-il existé ? – Les indices archéologiques (1/3)

Après une première partie dédiée à la recherche (vaine comme nous l’avons vu) d’indices physiques de la vie de Jésus, nous allons étudier les indices archéologiques à notre disposition. Vue l’ampleur du sujet, je vais diviser cette partie en trois articles.

Le premier article parlera de Bethléem et de Nazareth, le second abordera les autres lieux de passage de Jésus pendant sa vie publique pour finir par un troisième article consacré à Jérusalem.

Partie II – Les indices archéologiques

Jésus n’a laissé aucune trace physique de son passage sur terre et il n’en existe aucune représentation contemporaine sous forme de dessin, peinture ou sculpture. Les seuls traces archéologiques à notre disposition sont donc des lieux où Jésus aurait vécu ou agi.

Suivant quels critères pouvons-nous considérer qu’un site archéologique constitue une attestation crédible de l’existence historique de Jésus ? J’en propose deux, directement inspirés de ceux utilisés précédemment pour l’analyse des reliques :

  • crédibilité historique : le site archéologique est-il contemporain de Jésus, c’est-à-dire du début du Ier siècle ?
  • traçabilité historique : une tradition continue datant de la vie historique de Jésus est-elle attachée à ce lieu ?

Il y a quelques mois, à l’occasion d’un voyage à Londres, j’ai visité la maison de Sherlock Holmes au 221bis Baker Street. Tout y est conforme aux descriptions de Conan Doyle : l’adresse, la maison d’époque, le bureau du 1er étage avec du mobilier d’époque victorienne. La maison de Sherlock Holmes est donc crédible historiquement et, par construction, compatible avec les textes de Conan Doyle. Seule la traçabilité manque puisque nous savons que le musée a été créé au XXème siècle.

Imaginez maintenant que quelques siècles passent, que la majorité des documents (livres, journaux, internet…) en notre possession aient disparu et que seuls subsistent les livres de Conan Doyle et ce musée. Il y a de fortes chances que Sherlock Holmes soit considéré par de nombreuses personnes du futur comme un personnage historique du XIXème siècle.

L’exemple peut paraître provocateur mais le même problème se pose pour Jésus, avec 2.000 ans de distance : il est difficile voire impossible de faire la différence entre une tradition folklorique ancienne et la réalité historique. Mais lisez l’article tout de même… 🙂

II.1 – Bethléem, le lieu supposé de la naissance

La naissance de Jésus dans une étable à Bethléem, le bœuf et l’âne, la visite des Rois Mages, le Massacre des Innocents et la fuite en Egypte sont ancrés dans la tradition populaire. Pourtant le retour aux textes évangéliques et la connaissance du contexte de l’époque montrent qu’il existe de nombreuses raisons factuelles de remettre cette histoire en cause.

II.1.1 – Les références littéraires

Les 4 évangiles canoniques (ceux du Nouveau Testament) sont loin d’être unanimes sur le lieu et les circonstances de la naissance de Jésus.

Les évangiles de Marc et Jean ne nous en disent rien et ne mentionnent jamais Bethléem comme lieu de naissance. Jésus entre en scène lorsqu’il rejoint Jean-Baptiste sur les bords du Jourdain pour y être baptisé :

A cette époque-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. (Marc 1:9)

Le lendemain, il vit Jésus s’approcher de lui et dit: «Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. (Jean 1:29)

Par deux fois, Jean semble même attester que Jésus n’est pas né à Bethléem (situé en Judée) mais en Galilée :

45 Philippe rencontra Nathanaël et lui dit: «Nous avons trouvé celui que Moïse a décrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé : Jésus de Nazareth, fils de Joseph.» 46 Nathanaël lui dit: «Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth?» Philippe lui répondit: «Viens et vois.» (Jean 1:45,46)

40 Après avoir entendu ces paroles, beaucoup dans la foule disaient: «Celui-ci est vraiment le prophète.» 41 D’autres disaient: «C’est le Messie.» Mais d’autres disaient: «Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Messie? 42 L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et du village de Bethléhem où était David que le Messie doit venir?» 43 Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule. (Jean 7:40,43)

A contrario, Matthieu et Luc s’accordent sur une naissance à Bethléem, en Judée. Matthieu détaille la généalogie de Jésus depuis Abraham : 42 aïeux (répartis en 3 groupes de 14) sont identifiés et Jésus descend de David par Joseph en 28 générations. Après avoir décrit les conditions de la conception virginale de Jésus (l’Annonciation), Matthieu nous informe de manière lapidaire du lieu de naissance :

Jésus naquit à Bethlehem en Judée, à l’époque du roi Hérode. (Matthieu 2:1)

D’où vient la famille de Jésus, Matthieu ne nous le dit pas clairement mais le texte laisse supposer qu’elle habitait Bethléem, dans une maison. En effet, lors de la visite des Rois mages, Matthieu écrit :

10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent remplis d’une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent. Ensuite, ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent en cadeau de l’or, de l’encens et de la myrrhe. (Matthieu 2:10,11)

La famille fuit ensuite en Egypte pour échapper au roi Hérode qui, croyant à une prophétie annonçant la naissance du futur roi d’Israël à Bethléem, aurait donné l’ordre de massacrer tous les nouveaux nés (les « Saints Innocents »). Un fois Hérode mort, la famille quitte l’Egypte pour s’installer (et non pas retourner, le texte est clair à ce sujet) en Galilée :

et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce que les prophètes avaient annoncé: «Il sera appelé nazaréen.» (Matthieu 2:23)

Dans aucun autre passage de son évangile Matthieu ne nous reparle de Bethléem. Quant au mystérieux «Il sera appelé nazaréen», j’y reviens dans le paragraphe dédié à Nazareth.

Luc nous raconte une histoire sensiblement différente. La généalogie de Jésus est décrite en remontant jusqu’à Dieu lui-même par le biais d’Adam. Luc identifie 78 générations à partir d’Adam et Jésus descend là-encore de David par Joseph mais en 42 générations (au lieu de 28 pour Matthieu). Luc nous raconte la conception virginale de Jésus, puis la naissance de Jean-Baptiste pour enfin décrire la naissance de Jésus :

A cette époque-là parut un édit de l’empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l’Empire. 2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d’origine. 4 Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David. 5 Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. 6 Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, 7 et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. (Luc 2:1,7)

Luc est explicite : la famille de Jésus est originaire de Nazareth, se rend à Béthléem à l’occasion d’un recensement puis retourne à Nazareth. Pas de massacre des Innocents ni de fuite en Egypte dans ce récit. Là-encore Bethléem n’est plus jamais mentionné dans l’évangile de Luc.

Allons-un peu plus loin dans les références littéraires en nous intéressant aux évangiles apocryphes (c’est-à-dire non reconnus par l’Eglise). Seulement trois d’entre eux (parmi la cinquantaine existant) nous parlent de la naissance de Jésus. Ils reprennent la trame des évangiles de Matthieu et Luc mais indiquent une naissance dans une grotte située à l’extérieur de la ville de Bethléem :

« L’empereur Auguste rendit un édit pour que tous ceux qui étaient à Bethléem eussent à se faire enregistrer. […] Et étant arrivés au milieu du chemin, Marie lui dit : « Fais-moi descendre de mon ânesse, parce que ce qui est en moi me presse extrêmement; » et Joseph la fit descendre de dessus l’ânesse et il lui dit : « Où est-ce que je t’amènerai, car ce lieu est désert? » Et trouvant en cet endroit une caverne, il y fit entrer Marie, et il laissa son fils pour la garder, et il s’en alla à Bethléem chercher une sage-femme. […]  Et la sage-femme alla avec lui. Et elle s’arrêta quand elle fut devant la caverne. Et voici qu’une nuée lumineuse couvrait cette caverne. Et la sage-femme dit: « Mon âme a été glorifiée aujourd’hui, car mes yeux ont vu des merveilles. » Et tout d’un coup la caverne fut remplie d’une clarté si vive que l’œil ne pouvait la contempler, et quand cette lumière se fut peu à peu dissipée, l’on vit l’enfant Sa mère Marie lui donnait le sein. (Protoévangile de Jacques:17,18)

L’an trois cent soixante-neuf de l’ère d’Alexandre, Auguste ordonna que chacun se fît enregistrer dans sa ville natale. Joseph se leva donc et conduisant Marie son épouse, il vint à Jérusalem, et il se rendit à Bethléem pour se faire inscrire avec sa famille dans l’endroit où il était né; lorsqu’ils furent arrivés tout proche d’une caverne, Marie dit à Joseph que le moment de sa délivrance était venu et qu’elle ne pouvait aller jusqu’à la ville, « mais, » dit-elle, « entrons dans cette caverne. » […]  L’enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche, tétait le sein de sa mère Marie […]  Lorsque le temps de la circoncision fut arrivé, c’est-à-dire, le huitième jour, époque à laquelle la loi prescrit que le nouveau-né doit être circoncis, ils le circoncirent dans la caverne» (Évangile arabe de l’enfance:2,5)

Il arriva, peu de temps après, qu’il y eut un édit de César-Auguste, enjoignant à chacun de retourner dans sa patrie. Et ce fut le préfet de la Syrie, Cyrinus, qui publia le premier cet édit. Il fut donc nécessaire que Joseph avec Marie se rendît à Bethléem, car ils en étaient originaires, et Marie était de la tribu de Judas et de la maison et de la patrie de David. […]  Et il dit à Marie de descendre de sa monture et d’entrer dans une caverne souterraine où la lumière n’avait jamais pénétré et où il n’y avait jamais eu de jour, car les ténèbres y avaient constamment demeuré. […] Le troisième jour de la naissance du Seigneur, la bienheureuse Marie sortit de la caverne, et elle entra dans une étable, et elle mit l’enfant dans la crèche, et le bœuf et l’âne l’adoraient. Alors fut accompli ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son maître, et l’âne la crèche de son Seigneur. […] Le sixième jour, la bienheureuse Marie entra à Bethléem avec Joseph, et trente-trois jours étant accomplis, elle apporta l’enfant au Temple du Seigneur, et ils offrirent pour lui une paire de tourtereaux et deux petits de colombes.» (Pseudo-Matthieu:13,16)

Pour être exhaustifs, citons enfin 2 documents des IIème et IIIème siècles attestant l’existence d’une tradition ancienne liée au lieu de naissance de Jésus :

Joseph a pris ses quartiers dans une grotte, près du village et pendant qu’ils étaient là, Marie mit au monde le Christ et L’a placé dans une mangeoire et ici, les Rois Mages, venus d’Arabie, L’ont trouvé. (Dialogue avec Tryphon – Chapitre 78)

À Bethléem, la grotte où Il est né, est indiquée la mangeoire dans la grotte où Il a été emmailloté dans ses langes. Et la rumeur, dans ces lieux et parmi les étrangers de la Foi, est en effet que Jésus est né dans cette grotte qui est vénérée et respectée par les chrétiens (Contre Celse – Livre 1 Chapitre 51)

Notons que Justin évoque une grotte à l’extérieur de la ville, alors que Origène semble la situer à l’intérieur. Ce n’est pas forcément incohérent, la ville de Bethléem ayant pu s’étendre entre le IIème et le IIIème siècle jusqu’à englober une grotte initialement située à l’extérieur. Au XIXème siècle, Montmartre était bien un village en dehors de Paris.

D’un point de vue littéraire, la tradition de Bethléem n’est donc pas solidement établie :

  • Marc et Jean n’évoquent pas la naissance de Jésus, Jean indiquant même à 2 reprises que Jésus n’est pas originaire de Judée mais de Galilée.
  • Matthieu et Luc s’accordent sur une naissance à Bethléem, mais divergent sur les événements survenus avant et après la naissance : d’après Luc, la famille de Jésus est originaire de Nazareth alors que Matthieu nous dit en filigrane que la famille ne l’est pas.
  • Les évangiles apocryphes fusionnent les descriptions de Matthieu et Luc à un détail près : Jésus nait dans une grotte isolée à l’extérieur de la ville de Bethléem et pas dans une étable à l’intérieur de la ville.
  • Aucun des autres livres du Nouveau Testament (Actes des Apôtres, Epitres de Paul, Apocalypse de Jean, etc.) ne fait état d’une naissance à Bethléem. Luc et Matthieu n’y font plus référence en dehors de leurs récits de la naissance.
  • L’existence d’une ancienne tradition autour d’une grotte à Bethléem est confirmée par des lettres de Justin le Martyr et Origène aux IIème et IIIème siècles.

Circonstance aggravante, Matthieu et Luc nous fournissent des informations chronologiques divergentes, voire erronées :

  • Matthieu raconte que Jésus est né sous le roi Hérode, lequel est mort en – 4 avant Jésus-Christ (non, je n’ai pas fait de faute de frappe. Jésus n’est pas né en l’an 0, la faute à un pauvre moine du Moyen-âge qui s’est embrouillé dans ses calculs, j’y reviendrai dans un prochain article :-)).
  • Luc indique que Jésus est né lors d’un recensement de l’Empire effectué par Quirinus. Malheureusement, cette référence n’est pas fiable. D’après les archives romaines à notre disposition :
    • Quirinus a bien effectué un recensement, mais en l’an 6 après Jésus-Christ, dans le strict cadre de la Palestine de l’époque et pas à l’échelle de l’Empire. Ce recensement a par ailleurs déclenché l’une des 3 grandes révoltes juives contre l’occupant romain, celle de Judas le Galiléen;
    • les recensements effectués au niveau de l’Empire ont eu lieu soit longtemps avant, soit longtemps après que Quirinus ne fût gouverneur (légat pour être précis) de Syrie.

Devant tant d’incohérences, nous pouvons légitimement nous poser une question : la tradition d’une naissance à Bethléem aurait-elle été construite de toutes pièces par Matthieu et Luc ?

En bonne méthodologie historique, quand on suspecte un auteur d’avoir menti, se pose la question de l’intérêt qu’il aurait à le faire.

Comme Luc le rappelle, Bethléem est la cité de David qui fut le deuxième roi d’Israël et aurait régné au Xème siècle avant Jésus-Christ sur un royaume unifiant Juda (le royaume du Sud dont la capitale était Jérusalem) et Israël (le royaume du Nord dont la capitale deviendra Sichem puis Samarie après la partition). En son temps, le Roi David fut oint (« recouvert d’une huile sainte ») par le prophète Samuel, ce qui fit de lui un « Messie » (de l’araméen « meshi’ha » qui signifie « oint »). Le mot « oint » se traduit en grec par « Χριστός » (christos) qui a donné « Christ ». « Jésus-Christ » signifie donc « Jésus l’oint » ou « Jésus le Messie ». « Christ » n’a donc rien à voir avec la croix comme beaucoup de personnes le pensent.

Depuis la mort de David et la disparition du « grand royaume d’Israël » suite aux invasions successives des Egyptiens, des Assyriens, des Babyloniens, des Perses, des Séleucides et des Romains (les pauvres !), les Juifs fantasmaient le retour d’un nouveau David, d’un nouveau « Messie » qui deviendrait le souverain d’un royaume d’Israël réunifié et débarrassé des envahisseurs. D’après le prophète Esaïe, ce Messie devait être issu de la branche de Jessé (qui était le père de David) :

Puis un rameau poussera de la souche de Jessé, un rejeton de ses racines portera du fruit. […] 10 Ce jour-là, la racine de Jessé, dressée comme un étendard pour les peuples, sera recherchée par les nations, et son lieu de résidence sera glorieux. 11 Ce jour-là, le Seigneur interviendra de nouveau pour racheter le reste de son peuple, ceux qui seront restés en Assyrie et en Egypte, à Pathros et en Ethiopie, à Elam, à Shinear, à Hamath et dans les îles de la mer. 12 Il dressera un étendard pour les nations, il rassemblera les exilés d’Israël et réunira les dispersés de Juda des quatre coins de la terre. […]  (Ésaïe 11)

et, d’après le prophète Michée, le Messie devait être originaire de Bethléem :

Et toi, Bethlehem Ephrata, qui es petite parmi les villes de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte loin dans le passé, à l’éternité. (Michée 5:1)

L’ « intérêt » des évangélistes semble donc évident : positionner Jésus comme un descendant de David (par sa généalogie) et le faire naître à Bethléem (comme David et conformément à Michée), c’est démontrer qu’il est bien le Messie attendu par les Juifs.

Poursuivons sur l’hypothèse d’une invention de Matthieu et Luc et balayons rapidement les sources possibles du reste de l’histoire, sans pour autant rentrer dans les détails.

L’étable, la mangeoire, le bœuf et l’âne proviendraient d’une citation du prophète Esaïe :

Le bœuf connaît son propriétaire et l’âne la mangeoire de son maître, cependant Israël ne connaît rien, mon peuple n’a pas d’intelligence. (Esaïe 1:3)

Le thème des Rois Mages viendrait là encore d’Esaïe :

Des nations marcheront à ta lumière, et des rois à la clarté de ton aurore. (Esaïe 60:3)

et des Psaumes de David :

10 Les rois de Tarsis et des îles amèneront des offrandes, les rois de Séba et de Saba apporteront leur tribut. 11 Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront, 12 car il délivrera le pauvre qui crie et le malheureux que personne n’aide. 13 Il aura pitié du faible et du pauvre, et il sauvera la vie des pauvres; 14 il les rachètera de l’oppression et de la violence, et leur sang aura de la valeur à ses yeux. (Psaumes 72:10,14)

La naissance dans une grotte serait inspirée du culte du Dieu Mithra, né dans une grotte directement de la roche. Le Mithraïsme était très en vogue chez les Romains (notamment au sein de l’armée) et l’un des principaux concurrents du Christianisme naissant.

Le massacre des Innocents viendrait d’un texte de Jérémie (sachant que le tombeau de Rachel se situe à l’entrée de Bethléem) :

Voici ce que dit l’Eternel: On a entendu des cris à Rama, des lamentations et des pleurs amers : c’est Rachel qui pleure ses enfants et n’a pas voulu être consolée à propos de ses enfants, parce qu’ils ne sont plus là. (Jérémie 36:15)

mais est aussi un parallèle de l’histoire de Moïse lorsque le Pharaon commande la noyade des nouveaux nés mâles hébreux :

Alors le pharaon ordonna à tout son peuple: «Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra et vous laisserez vivre toutes les filles. (Exode 1:22)

La fuite en Egypte correspond à un passage de l’Ancien Testament :

Quand Israël était jeune, je l’aimais et j’ai appelé mon fils à sortir d’Egypte. (Osée 11 :1)

et, encore une fois, une manière d’inscrire Jésus comme un nouveau Moïse comme nous l’avons vu dans un précédent article.

L’archéologie va-t-elle nous permettre de remettre de l’ordre dans tout cela ?

II.1.2 – Les sites archéologiques

Bethléem de Judée (aussi orthographié « Bethlehem ») est une ville située à environ 10 km de Jérusalem. 41 fois citée dans l’Ancien Testament, c’est un lieu très important pour les Juifs du Ier siècle :

  • on y trouve le tombeau de Rachel (un personnage de la Genèse). Troisième lieu saint du judaïsme après le Mont du Temple à Jérusalem, et le Tombeau des Patriarches à Hébron, il symbolise pour les Juifs la route prise lors de l’exil de Babylone. C’était un lieu de pèlerinage pour les femmes qui n’arrivaient pas à avoir d’enfants;
  • c’est le lieu de naissance et de couronnement du grand roi David comme nous l’avons vu précédemment.

Il n’y a aucun doute sur l’existence de la ville bien avant l’époque de Jésus. La ville est citée dans des tablettes d’argile égyptiennes datant du Pharaon Akhenaton (1.369 à 1.353 avant Jésus-Christ). En 2012, un sceau d’argile datant du VIII – VIIème siècle avant Jésus-Christ et portant le nom de Bethléem a été retrouvé lors de fouilles à Jérusalem.

Mais, à ce jour, aucun vestige archéologique contemporain de Jésus n’a été découvert. Certains historiens en déduisent, un peu rapidement, que Bethléem de Judée n’était pas occupée à l’époque de Jésus, sans pour autant expliquer pourquoi une ville aussi importante pour les Juifs aurait été abandonnée, puis réoccupée plus tard. Trop souvent les historiens confondent l’absence de preuves comme une preuve d’absence. Toutes les hypothèses construites sur l’inoccupation de Bethléem de Judée au Ier siècle sont donc à la merci de la découverte d’un artefact archéologique datant du Ier siècle. L’exemple de Nazareth dans le paragraphe suivant est à ce titre édifiant.

La Basilique de la Nativité a été construite au IVème siècle par notre vieille connaissance : Hélène, la mère de Constantin. Hélène l’aurait construite sur un site de pèlerinage pré-existant. Cette église est la plus ancienne de la Chrétienté et est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. La crypte de l’église est bâtie autour de ce qui serait la grotte de la Nativité (une étoile à 14 branches en argent marque l’emplacement exact de la naissance). L’église se situe au centre des plus anciennes implantations humaines de Bethléem. Par ailleurs, des fouilles archéologiques ont montré que la ville était truffée de grottes utilisées pendant des siècles comme étables ou pièces à vivre. La tradition de l’étable de Luc n’est donc pas incompatible avec la tradition de la grotte des apocryphes.

Autre indice intéressant : en 136, selon le témoignage d’Eusèbe de Césarée et Jérôme au IVème siècle, l’empereur romain Hadrien aurait fait bâtir un lieu de culte pour Adonis (le nom grec du Dieu sumérien Tammuz) à l’emplacement de la grotte. C’était alors un comportement typique des Romains : « annexer » les lieux de culte des populations locales pour démontrer la prééminence de leurs propres dieux sur les dieux locaux suivant le principe « Si je construis un lieu de culte de mon dieu à l’emplacement du tien, et que ton dieu ne réagit pas, c’est bien la preuve que mon dieu est plus puissant que le tien ».

En synthèse, la grotte de la Nativité est un lieu archéologique historiquement crédible, proche des descriptions de Luc et des Apocryphes et dont la tradition remonterait à quelques années après la mort de Jésus-Christ (si on croit Justin le Martyr). Elle répond donc bien aux 2 critères énoncés en début d’article.

Pour être exhaustif, il convient tout de même de citer deux autres « Bethléem candidats » :

  • Le village de Betebre,
  • Bethléem de Galilée.

Longtemps un culte a été mené dans une grotte à l’extérieur de Bethléem, à proximité du village de Betebre, « au troisième mille de la route de Jérusalem à Bethléem« , à l’endroit même où, selon le Proto-évangile de Jacques cité plus haut, Marie se serait réfugiée pour donner naissance à Jésus. Mais la tradition attachée à ce lieu  a changé au fil des siècles : de lieu de naissance de Jésus, il est devenu un simple lieu de repos de Marie lorsque la Basilique de la Nativité a été construite par Hélène. La grotte a alors « disparu » pour laisser place au rocher sur lequel Marie se serait reposée un moment. Une preuve s’il en fallait que les traditions sont fragiles et soumises le cas échéant à des considérations politiques.

Bethléem de Galilée est une ville de Galilée située à une quinzaine de kilomètres à pied  de Nazareth. En 2008 un archéologue israélien (Aviram Oshri) y découvre des vestiges d’habitations datant de la période de Jésus et un grand complexe religieux d’époque byzantine. Il émet alors l’hypothèse qu’il s’agirait du véritable lieu de naissance de Jésus mais aucun élément littéraire, ni aucune tradition historique locale (pas de traces chrétiennes d’avant la période byzantine) ne viennent conforter cette hypothèse. Le seul avantage de cette solution est de rendre plus réaliste un voyage de Joseph et Marie pour se faire recenser, mais nous avons vu que l’historicité de ce recensement est elle-même douteuse.

Dernier vestige archéologique dont je parlerai : la Grotte du Lait à Bethléem, à quelques centaines de mètres de la Basilique de la Nativité. C’est une grotte de calcaire blanc dans laquelle Marie aurait trouvé refuge lors de sa fuite en Egypte. Allaitant Jésus, une goutte de lait serait tombée au sol, rendant ainsi la grotte totalement blanche. Aucune crédibilité à ce lieu, probablement inventé par un esprit mercantile voulant profiter des flots de pèlerins. Le lait en poudre fut d’ailleurs inventé ici puisque la poudre de cette grotte mélangée à l’eau ou la nourriture fut utilisée pour favoriser la lactation des femmes. Quant à ceux qui m’accuseraient d’anachronisme en imaginant un Lourdes local, je cite un passage des Actes des Apôtres :

24 En effet, un orfèvre du nom de Démétrius fabriquait des temples d’Artémis en argent et procurait un gain considérable aux artisans. 25 Il les rassembla avec ceux qui exerçaient une activité similaire et dit: «Vous savez que notre prospérité dépend de cette industrie. 26 Or, vous voyez et entendez dire que non seulement à Ephèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une grande foule en disant que les dieux fabriqués par la main de l’homme ne sont pas des dieux. 27 Cela risque non seulement de discréditer notre activité, mais aussi de réduire à néant l’importance du temple de la grande déesse Artémis et même de dépouiller de sa majesté celle que toute l’Asie et le monde entier vénèrent.» (Actes 19:24,27)

Paul fut lapidé et exclus d’Ephèse suite à cet incident. « Business is business », il y a déjà 2.000 ans.

II.1.3 – Avis personnel

La situation est donc complexe.

D’un côté, nous avons des témoignages écrits attestant d’une tradition très ancienne, presque contemporaine, du lieu de naissance de Jésus à l’emplacement actuel de la Basilique de la Nativité. Les vestiges archéologiques sont compatibles avec les descriptions des évangiles de Matthieu, Luc et des apocryphes.

De l’autre côté, nous avons la « timidité » des évangiles canoniques à  évoquer la naissance de Jésus à Bethléem quand ils ne la nient pas, les incohérences entre Mathieu et Luc sur le lieu d’origine de la famille de Jésus (Nazareth ou pas), l’histoire quelque peu « abracadabrantesque » de Joseph effectuant une marche de plus de 150 km avec une femme enceinte pour un recensement dont l’histoire ne conserve aucune trace. Revendiquer la naissance à Bethléem aurait été un avantage pour asseoir la crédibilité de Jésus comme nouveau Messie, notamment dans les querelles avec les Pharisiens et les autorités juives de l’époque.  Pourtant, on ne trouve nulle trace d’une telle revendication ni dans les évangiles (en dehors des récits de la naissance de Matthieu et Luc), ni dans les épîtres de Paul, ni dans les Actes des Apôtres.

A titre personnel, je ne crois pas à une naissance de Jésus à Bethléem de Judée. La jurisprudence « Sherlock Holmes » montre que l’existence d’une tradition ancienne n’implique pas automatiquement une réalité historique. Je pense que Matthieu et Luc ont soit déformé la réalité pour renforcer la messianité de Jésus, soit repris une tradition orale ancienne inventée par les premiers chrétiens. A force de s’entendre dire « mais il n’est même pas originaire de Bethléem ton Messie », la tentation devait être grande de répondre « mais si, bien sûr qu’il l’était ». Les évangiles apocryphes, plus tardifs, n’ont fait que fusionner et embellir les traditions de Matthieu et Luc.

Je n’invente rien, je ne fais que reprendre la position partagée par beaucoup d’exégètes (la majorité ?). Le révérend américain John P. Meier (auteur de ce qui est à mon sens le meilleur livre sur Jésus à l’heure actuelle) écrit par exemple :

« Dans leurs récits de l’enfance, Matthieu et Luc adoptent une stratégie quelque peu contorsionnée et suspecte pour concilier la tradition dominante de Nazareth avec la tradition particulière de Bethléem ; c’est peut-être le signe que la naissance de Jésus à Bethléem n’est pas à considérer comme un fait historique mais comme un théologoulème, c’est-à-dire comme une affirmation théologique (du type : Jésus est le vrai Fils de David, le Messie royal annoncé par les prophètes) à laquelle on a donné la forme d’un récit aux apparences historiques. Il faut reconnaître cependant qu’aucune certitude n’est possible sur ce point » (Un certain juif nommé Jésus – Tome I Les sources, les origines, les dates – Page 138 – Editions CERF)

Disons que je souscris à ce point de vue : intime conviction mais pas de preuve définitive.

Quelques liens pour aller plus loin :

  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Bethl%C3%A9em
  • http://bible.archeologie.free.fr/nativite.html
  • http://www.bibledespeuples.org/Documents/Visite/Bethleem/BETHLEEM.htm
  • http://www.bethlehem-city.org/en/the-historical-framework
  • http://www.bethleem.custodia.org/default.asp?id=295

II.2 – Vie cachée de Jésus – Nazareth

La période de la naissance de Jésus à son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste est appelée « vie cachée » par opposition au « ministère public » relaté par les évangiles. En effet, les évangiles ne nous disent presque rien de l’enfance de Jésus et absolument rien de son adolescence et de ses premières années en tant qu’adulte.

Une chose semble pourtant acquise : Jésus a passé une partie significative de cette période dans un village de Galilée appelé Nazareth. La meilleure preuve : on l’appelle Jésus de Nazareth ! Pourtant, rien n’est simple en exégèse et nous allons voir que « Nazareth » donne lieu à de multiples discussions entre historiens. Comme ces discussions portent sur l’étymologie de certains mots, je vais m’appuyer sur le texte grec du Codex Sinaïticus qui est la version quasi-complète de la Bible la plus complète et la plus ancienne (IVème siècle après J.C.) dont nous disposons à l’heure actuelle. Une version en ligne est accessible ici.

Il existe deux types de références à « Nazareth » dans les livres du Nouveau Testament :

  • les références explicites à un lieu géographique en Galilée (probablement un village),
  • les mentions « Jésus de Nazareth ».

II.2.1 – Les références à un lieu géographique

Commençons par les références explicites à un lieu géographique que je reprends exhaustivement ci-dessous :

A cette époque-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. (Marc 1:9)

et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce que les prophètes avaient annoncé: «Il sera appelé nazaréen.» (Matthieu 2:23)

Il quitta Nazareth et vint habiter à Capernaüm, ville située près du lac, dans le territoire de Zabulon et de Nephthali. (Matthieu 4:13)

La foule répondait: «C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée.» (Matthieu 21:11)

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth. (Luc 1:26)

Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David. (Luc 2:4)

Après avoir accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, Joseph et Marie retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. (Luc 2:39)

Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth et il leur était soumis. Sa mère gardait précieusement toutes ces choses dans son cœur. (Luc 2:51)

Jésus se rendit à Nazareth où il avait été élevé et, conformément à son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture 28 Ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, lorsqu’ils entendirent ces paroles. […] 29 Ils se levèrent, le chassèrent de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la montagne sur laquelle leur ville était construite, afin de le précipiter dans le vide. (Luc 4:16,29)

Nathanaël lui dit: «Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ?» Philippe lui répondit: «Viens et vois.» (Jean 1:46)

J’y ajoute 2 citations qui, dans le texte grec, correspondent aussi à des noms de lieu :

Philippe rencontra Nathanaël et lui dit: «Nous avons trouvé celui que Moïse a décrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé: Jésus de Nazareth, fils de Joseph.» (Jean 1:45)

Vous savez comment Dieu a déversé une onction de Saint-Esprit et de puissance sur Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous la domination du diable, parce que Dieu était avec lui. (Actes 10:38)

Les 3 termes grecs utilisés sont, par ordre de fréquence décroissante :

  • ναζαρετʼ  (Nazaret) : 7 fois
  • ναζαρεθʼ (Nazareth) : 4 fois par Matthieu et Luc qui utilisent aussi l’orthographe  ναζαρετ’
  • ναζαρα (Nazara) : 1 fois par Luc (et 1 variante connue chez Matthieu).

Le contexte des versets et le(s) mot(s) grec(s) utilisé(s) ne laissent aucun doute : les 4 évangélistes évoquent un lieu géographique que nous pouvons traduire par « Nazareth » ou « Nazara » (notons que an-Nāṣira est le nom actuel de la ville en arabe). Luc nous donne deux renseignements complémentaires : une synagogue y est construite et la ville est installée à flanc de montagne, à côté d’un escarpement.

En dehors des évangiles, la ville de Nazareth n’est jamais mentionnée ni dans l’Ancien Testament, ni dans les textes contemporains : Paul n’évoque jamais Nazareth dans ses épitres, pas plus que Flavius Josèphe (général juif de la guerre contre les Romains) qui résida pourtant à 2 km et qui nous cite une cinquantaine d’autres bourgades de Galilée. La première mention de Nazareth en hébreu date du IIIème siècle après JC.

Le Pèlerin de Bordeaux décrit en 333 le parcours d’un pèlerinage en Terre Sainte mais ne parle pas de Nazareth. Pourtant il signale le lieu de naissance de l’apôtre Paul, le bain du Centurion Corneille, le puits où Jésus a parlé avec une samaritaine, Bethléem, Jérusalem dans tous ses détails, le Mont des Oliviers. Mais de Nazareth, point. Même constat pour la catalane Ethérie en 385. Par contre Paule, disciple de Jérôme, s’y serait rendue en pèlerinage en 385.

Eusèbe de Césarée (vers 265 – 339) nous cite Nazareth dans son Onomasticon (un recueil des noms et lieux hébreux) :

[Lieu] à partir duquel le Christ » (Notre Seigneur et Sauveur) a été appelé « Nazorite. Les chrétiens étaient autrefois appelés par dérision les Nazaréens. Il est même désormais en Galilée (un village) 15 miles à l’est face à Legeon près du Mont Thabor (appelé Nazara).

Pour finir, parlons de Conon le Jardinier, martyr chrétien mort en 249. Il était originaire de Nazareth et se serait revendiqué comme un descendant direct de la famille de Jésus (nota : je n’ai pas trouvé la source historique l’attestant).

Pour résumer, en dehors des évangiles, la ville de Nazareth n’est pas mentionnée avant le IIIème siècle après JC.

II.2.2 – Les mentions « Jésus de Nazareth »

Surprise : la désignation « Jésus de Nazareth » n’existe pas dans les versions les plus anciennes des évangiles qui utilisent l’expression « Jésus le Nazôréen » (du grec ναζωρᾶιοϲ, « nazôraios » ou ναζοραιοϲ, « nazoraios ») ou « Jésus le Nazaréen » (du grec ναζαρηνε, « nazariné »). Au fil du temps, les trois formulations ont fusionné en « Jésus de Nazareth » dans la plupart des traductions de la Bible (par exemple Segond 21 que j’utilise pour les citations de ce blog).   Toutefois certaines traductions contemporaines (comme la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible) ont décidé de conserver la formulation originale « Jésus le Nazôréen » ou « Jésus le Nazaréen ».

Je pense (et c’est ce qu’indique le Codex Sinaïticus) que l’on peut considérer comme équivalents les mots ναζωρᾶιοϲ (« nazôraios »)  et ναζοραιοϲ  (« nazoraios »). Notons que cette dernière orthographe est uniquement utilisée dans les Actes des Apôtres par Luc (qui utilise l’autre orthographe dans son évangile).

Le terme ναζαρηνε (« nazariné ») est utilisé seulement deux fois dans le Nouveau Testament, par Marc :

[Ah!] Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu.» (Marc 1:24)

Elle vit Pierre qui se chauffait, le regarda et lui dit: «Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth.» (Marc 14:67)

Les exégètes estiment que « Nazôréen »  et « Nazaréen » sont des termes équivalents.

Selon Tertullien, un des Pères de l’Eglise qui vécut au IIème siècle, le terme « nazôraios » a été utilisé dans les milieux juifs pour désigner les premiers Chrétiens. Par extension, ce terme a probablement fini par désigner la poignée de juifs restés fidèles aux rituels du judaïsme tout en considérant Jésus comme le Messie, alors que le terme « Chrétiens » devint réservé aux croyants d’origine païenne ne respectant pas les rites juifs (notamment la circoncision). Les Nazôréens seraient les descendants des « Hébreux » dont nous parlent certains textes du Nouveau Testament (Actes des Apôtres et Epitre aux Hébreux).

L’étymologie du terme donne encore lieu  à de nombreuses discussions entre spécialistes.

La première hypothèse est que le terme vient de l’hébreu « nazir » ou « nazor » qui signifie – dans ce contexte – « abstinent, ermite ». Les règles du nazirat sont énoncées dans Nombres :

6 L’Eternel dit à Moïse: 2 «Transmets ces instructions aux Israélites: Lorsque quelqu’un, homme ou femme, se consacrera tout particulièrement à l’Eternel en faisant vœu de naziréat, 3 il s’abstiendra de vin et de boisson alcoolisée. […] 6 Pendant toute sa période de mise à part pour l’Eternel, il ne s’approchera pas d’une personne morte. […] 13 »Voici la loi relative au naziréen. Le jour où prendra fin sa période de consécration, on le fera venir à l’entrée de la tente de la rencontre. […] Ensuite, le naziréen pourra boire du vin. (Nombres 6)

Aucun texte du Nouveau Testament ou évangile apocryphe ne nous indique que Jésus eût été « nazir ». Les historiens qui l’affirment font des interpolations très personnelles basées sur sa connaissance de la Torah et son séjour dans le désert. Une chose est par contre certaine : si Jésus avait été « nazir », il ne l’était manifestement plus lors de sa vie publique puisqu’il boit du vin et qu’il s’approche des morts (Lazare). Benoit XVI fait toutefois remarquer que :

« Ce qualificatif, cependant, vaut pour lui, qui était totalement consacré à Dieu, remis en propriété à Dieu, depuis le sein maternel jusqu’à sa mort d’une façon qui dépasse de loin l’apparence du genre. Si nous revenons à ce que Luc dit sur la présentation-consécration de Jésus, le premier-né, à Dieu dans le Temple, ou si nous nous souvenons comment l’évangéliste Jean présente Jésus comme celui qui vient du Père, vit de lui et est orienté vers lui, alors se rend visible avec une extraordinaire intensité comment Jésus a été vraiment un consacré à Dieu, du sein maternel jusqu’à sa mort en croix. »

La seconde hypothèse est que le terme vient de l’hébreu « netzer » qui signifie « rejeton » et l’on revient à la citation déjà connue de Esaïe citée plus haut :

11 Puis un rameau poussera de la souche de Jessé, un rejeton de ses racines portera du fruit. […] (Ésaïe 11)

Jésus aurait donc été le « rejeton » de David.

Citons une nouvelle fois Benoit XVI qui – tenu par le dogme chrétien d’une naissance à Bethléem – rapproche « nazôréen » et « netzer » pour dire :

« Oui, nous pouvons supposer avec de bonnes raisons que Matthieu, dans le nom de Nazareth, a entendu évoquer la parole prophétique du « rejeton » (nezer) et dans la qualification de Jésus comme Nazôréen a vu une allusion à l’accomplissement de la promesse. »

La troisième hypothèse est issue d’un évangile apocryphe, l’évangile de Philippe datant probablement du IVème siècle :

Les apôtres qui nous ont précédés invoquaient ainsi : « Jésus », « Nazôréen », « Messie », c’est-à-dire « Jésus, le Nazôréen, le Christ ». Le dernier nom est « le Christ », le premier est « Jésus », celui qui est dans le milieu est « le Nazaréen ». Messie a deux sens, à la fois « l’oint » et « le mesuré ». « Jésus » en hébreu est le « rachat » ; Nazara est la vérité, le Nazaréen, par conséquent, <celui de> la vérité ; c’est le Christ qui a été mesuré ; ce sont le Nazaréen et Jésus, qui ont été mesurés. (Evangile de Philippe 47)

Enfin la quatrième hypothèse est a priori la plus simple : le terme viendrait de la ville de Nazareth. Un nazôréen serait donc un habitant de Nazareth. Des experts en philologie ont expliqué qu’il était raisonnable de dériver «nazôréen » de « Nazareth ». Dans ce cas, le choix fait par certains traducteurs de remplacer « Jésus le Nazôréen » par « Jésus de Nazareth » est légitime. Quant à « Nazareth », le nom de la ville serait issu de l’hébreu « nazir » (et l’on reboucle sur la première hypothèse avec un sens différent du mot) qui signifie aussi :

  • « caché » : Nazareth aurait reçu ce nom à cause de la présence de nombreuses grottes,
  • « prince » ou « couronne » : à Nazareth auraient vécu des descendants d’une branche de la famille du roi David.

En l’état actuel des recherches, il est impossible de trancher entre les quatre hypothèses pour interpréter le mot « nazôréen ».

Pour finir revenons à la référence prophétique de Matthieu :

et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce que les prophètes avaient annoncé: «Il sera appelé nazaréen.» (Matthieu 2:23)

Encore à l’heure actuelle, les exégètes s’interrogent sur le passage de l’Ancien Testament auquel Matthieu fait allusion. La première option est  la suivante :

13 Les Israélites firent encore ce qui déplaît à l’Eternel et l’Eternel les livra entre les mains des Philistins pendant 40 ans. 2 Il y avait un homme de Tsorea, du clan des Danites, qui s’appelait Manoach. Sa femme était stérile et n’avait pas d’enfants. 3 L’ange de l’Eternel apparut à la femme et lui dit: «Te voici stérile, sans enfants. Tu deviendras enceinte et tu mettras au monde un fils. 4 Maintenant fais bien attention de ne boire ni vin ni liqueur forte et de ne rien manger d’impur, 5 car tu vas devenir enceinte et tu mettras au monde un fils. Le rasoir ne passera pas sur sa tête, parce que cet enfant sera consacré à Dieu dès le ventre de sa mère. Ce sera lui qui commencera à délivrer Israël de la domination des Philistins.» (Juges 13:1,5)

Personnellement, une citation du prophète Amos m’interpelle :

6 Voici ce que dit l’Eternel: A cause de trois crimes d’Israël, même de quatre, je ne reviens pas sur ma décision, parce qu’ils ont vendu le juste pour de l’argent, et le pauvre pour une paire de sandales. […] 11 j’ai fait surgir parmi vos fils des prophètes, et parmi vos jeunes hommes des Naziréens. N’est-ce pas le cas, Israélites? déclare l’Eternel. 12 Et vous avez fait boire du vin aux Naziréens, et aux prophètes vous avez donné cet ordre: «Ne prophétisez pas!» 13 Je vous écraserai comme un chariot chargé de gerbes écrase le sol. […] 16 Le plus courageux des guerriers s’enfuira nu ce jour-là, déclare l’Eternel. (Amos 2:6,16)

Troublant n’est-ce pas ? Jésus n’a-t-il pas été vendu par Judas pour trente deniers ? Jésus n’aurait-il pas dérogé aux règles du « naziréat » en buvant du vin (« ceci est mon sang ») et finalement n’a-t-il pas été empêché de prophétiser par son exécution ? Au final, la Judée n’a-t-elle pas été détruite par les troupes de Titus en 69 ?

II.2.3 – Que nous dit l’archéologie ?

Des fouilles archéologiques effectuées depuis le XIXème siècle montrent une occupation du site de Nazareth depuis le Paléolithique. Le site semble avoir été abandonné temporairement entre le VIème et le IIème siècle avant JC, sans doute suite à la déportation des Juifs à Babylone par le roi Nabuchodonosor II. Mais les avis des archéologues divergent sur ce point.

La ville est partiellement troglodyte : de nombreuses grottes naturelles ont été aménagées comme des dépendances de maisons : fours, étables, silos à grains, moulins à huile, pressoirs à vin, entrepôts de jarres à vin et à huile… Tout laisse supposer la présence d’un bourg agricole.

La taille de ce village est plus difficile à estimer. La découverte de tombes romaines du Ier siècle donne une bonne indication des limites de la ville à l’époque puisqu’il était hors de question pour les juifs d’avoir des tombes à l’intérieur de la ville. Suivant les sources, la population aurait oscillé entre une exploitation agricole importante de quelques dizaines de personnes jusqu’à un village de 200 personnes. Contrairement à la géographie actuelle, les fouilles ont montré que le village était construit sur un escarpement rocheux. Au fil du temps, le lit d’un ruisseau fut comblé, gommant les aspérités du relief.

Pendant longtemps, aucun vestige d’habitat datant explicitement du Ier siècle n’avait été mis à jour. En décembre 2009, une archéologue israélienne annonce avoir enfin trouvé les fondations d’une maison datée du Ier siècle. En 2015, un archéologue anglais pense avoir identifié une seconde maison du même type, sous les Couvent des Soeurs de Nazareth, qui pourrait même être la maison dans laquelle Jésus aurait vécu.

A l’heure actuelle, Nazareth est le site évangélique le plus visité au monde puisqu’il n’accueille pas moins de 1 million de visiteurs par an. Il faut dire que le pèlerin en a pour son argent, puisqu’il peut y trouver successivement :

  • l’Eglise Saint-Gabriel commémorant la première apparition de l’ange Gabriel à Marie,
  • le puits où Marie venait chercher son eau,
  • l’atelier de Joseph,
  • la maison de Marie recouverte par la Basilique de l’Annonciation,
  • la maison de la Sainte-Famille recouverte par l’église Saint Joseph ou (seconde option) par le Couvent des Soeurs de Nazareth,
  • le tombeau de Joseph,
  • la synagogue où Jésus aurait prêché,
  • une pierre sur laquelle il aurait mangé avec ses disciples (la « Mensa Christi »).

On y trouve aussi le rocher d’où Jésus aurait pu être précipité … à 2 endroits différents : l’un à proximité immédiate de la synagogue, l’autre à 2 kilomètres avec, à mi-chemin, la Chapelle de Notre-Dame de l’Effroi commémorant la Sainte Frousse de la mère de Jésus à l’idée que son fils soit jeté du haut d’une falaise. Vous pouvez même visiter la reconstruction de Nazareth à l’époque de Jésus. En résumé : Disneyland pour les Chrétiens.

La synagogue date du IIème siècle après Jésus (donc 1 siècle après sa mort), tous les autres sites datent pour la plupart du Moyen-Âge.

Seule la basilique de l’Annonciation mérite un minimum d’attention. Encore une fois, nous devons la construction de la première basilique à Hélène, mère de Constantin. Elle fut construite autour de la grotte dans laquelle Marie aurait reçu la visite de l’ange Gabriel. Lors des travaux d’édification de la nouvelle basilique inaugurée en 1964, la découverte de nombreux silos à grains a montré qu’elle se trouvait au coeur du village ancien. On y a aussi retrouvé des traces d’un édifice ressemblant à une synagogue du IIIème siècle après JC et portant des graffitis chrétiens, sans qu’il ne soit possible de les dater précisément.

Il semblerait donc que le village de Nazareth existait bien à l’époque de Jésus et que sa topographie était compatible avec la description que nous en fait Luc. Nazareth est donc historiquement crédible. Par contre, il est très difficile d’y faire remonter une tradition avant le IIIème siècle, aucun vestige ou écrit ne nous le confirmant. Une chose est certaine : la ville de Nazareth n’était pas un lieu de pèlerinage de première importance avant le IVème siècle.

Nazareth, c’est un peu le problème de la poule et de l’œuf :

  • Hypothèse 1 : Nazareth existait déjà (avec ce nom-là) et Jésus en était originaire. Les appellations « Jésus le Nazôréen » seraient donc synonymes de « Jésus, habitant de Nazareth »
  • Hypothèse 2 : le nom de Nazareth a été « inventé » à partir du nom des disciples de Jésus. Les appellations « Jésus le Nazôréen » correspondraient donc à « Jésus l’observant » ou « Jésus le rejeton »;
  • Hypothèse 3 : un peu des deux options, Nazareth aurait existé sous un autre nom et aurait été renommé ensuite.

On peut même imaginer un calembour (il y en a des exemples dans le Nouveau Testament) des contemporains appelant Jésus le « nazir » or le « netser » par moquerie vis-à-vis de ses origines rurales.

Jusqu’en 2009, l’absence de vestiges archéologiques datant du Ier siècle a fait le bonheur des partisans de l’hypothèse 2 . Absence de preuves équivalant à preuve d’absence pour les (mauvais) historiens, un certain nombre d’entre eux estim(ai)ent que :

  • Nazareth n’existait pas au Ier siècle,
  • Jésus était appelé le « Nazôréen » soit à partir de l’hébreu nazir (l’observant), soit à partir de netzer (le rejeton),
  • Après sa mort, ses disciples se sont appelés « nazôréen » et sont venus s’installer sur le lieu géographique actuel de la ville de Nazareth,
  • Ce lieu aurait pris le nom de Nazareth par déformation du mot « nazôréen ».

Si cette logique peut expliquer le glissement de « Jésus le Nazôréen » à « Jésus de Nazareth » dans les traductions de la Bible, elle n’explique pas les références explicites à un lieu géographique appelé Nazareth ou Nazara dont je faisais état en début de chapitre.

Soit les copistes ont remplacé un nom de ville existant par Nazareth, soit ils ont ajouté les versets parlant de Nazareth. Admettons, mais dans quel but ? Comme ils le disent eux-mêmes, Nazareth n’était rien pour les anciens Juifs. Quel intérêt à s’en revendiquer ?

Quant au fait que Paul ne cite jamais Nazareth, c’est oublier que Paul, de manière générale, ne nous dit absolument rien sur la vie historique de Jésus en dehors de la crucifixion. Nazareth n’est pas pire ni pas mieux traité que les autres.

Mais la découverte de 2009 a mis à mal cette belle construction intellectuelle en démontrant l’existence d’un village contemporain de Jésus. Comme quoi, il faut toujours rester très prudent en terme d’archéologie.

II.2.4 – Avis personnel

L’archéologie démontre qu’une bourgade était bien établie à cet endroit à l’époque de Jésus. Son nom n’est pas connu mais je pense que ce village s’appelait déjà « Nazareth ».

Ma conviction se base sur le même raisonnement qui me conduisait à douter de Bethléem. Nazareth était une bourgade insignifiante pour les Juifs, les Grecs et les Romains, tellement insignifiante qu’il n’en est fait aucune mention jusqu’au IIIème siècle. Autant les évangélistes avaient un intérêt évident à prétendre que Jésus était né à Bethléem, autant nous ne voyons pas leur intérêt à « promouvoir » Nazareth comme lieu de naissance de Jésus. Seul Matthieu tente péniblement de faire référence à une prophétie existante (que je pense être celle d’Amos) mais au prix de contorsions linguistiques. Si Nazareth existait et que les évangélistes la donnaient comme la ville d’origine de Jésus malgré son insignifiance, c’est peut-être tout simplement parce que c’était vrai et un premier indice de l’historicité de Jésus. Un peu tortueux, j’en conviens.

Un dernier mot sur le lieu de naissance de Jésus : il est fort probable que Nazareth soit le véritable lieu de naissance de Jésus. Les gens, surtout de souche paysanne, déménageaient probablement peu à l’époque. Si Jésus venait de Nazareth, il y était certainement né. Remarquons que la naissance dans une grotte pourrait alors être un fait historique.

Quelques liens intéressants :

  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Nazareth
  • http://bible.archeologie.free.fr/nazareth.html
  • http://www.bibledespeuples.org/Documents/Visite/nazareth.html
  • http://www.nazareth-fr.custodia.org/default.asp?id=6119
  • http://www.interbible.org/interBible/caravane/voyage/2006/voy_060127.htm
  • http://www.jesusneverexisted.com/nazareth-french.html
  • http://www.nazarethmyth.info/bibl.html
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4 réponses à Jésus a-t-il existé ? – Les indices archéologiques (1/3)

  1. mathieu (pas le saint) dit :

    Bonjour

    je viens de lires la plupart des articles avec intérêt mais je ne trouve pas la suite de celui-ci.
    est-ce un effet de l’illumination ?

    • Athee-man dit :

      Bonjour,

      Non, désolé, juste un effet de ma paresse. La suite est en cours de construction depuis 3 ans, je ne suis pas très assidu…
      J’espère publier d’ici quelques jours un article sur la Purification du Temple si cela vous intéresse.

      Merci

  2. Jonathan M dit :

    Bonjour,

    Je suis très curieux de vos travaux, êtes vous familier des travaux de Dubourg et de ses continuateurs ? Serait il possible de vous adresser quelques questions ?

    • Athee-man dit :

      Familier absolument pas. Je connais l’existence de ses livres (je pense que vous faites référence notamment à l’invention de Jésus) mais ne me suis jamais penché en détail sur ses travaux. Principale raison : je suis persuadé de l’existence historique de Jésus et n’adhère absolument pas à la thèse mythiste. Bart Ehrman a écrit un livre très détaillé qui démonte de manière convaincante cette thèse. Je vous en recommande la lecture (Did Jesus exist?, je ne sais pas si une traduction française existe).
      Je suis toutefois très déçu que la plupart des exégètes négligent l’arrière-plan araméen (hébreu, c’est à voir) de plusieurs des paroles de Jésus. Même si on admet que les premiers textes ont été écrits en grec, ils proviennent d’une tradition orale qui, elle, a probablement été transmise en araméen. Il y a sans doute des choses intéressantes à reprendre de Dubourg mais je n’ai ni le temps, ni l’argent pour m’investir dans la lecture d’un auteur dont je ne partage pas les conclusions. C’est un choix personnel.

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